Quand je vais dormir le soir,
oh je n'ai plus peur du noir ;
mais c'est pourtant un moment
que je n'aime pas tellement.
Je me sens abandonné
dans les brumes de la nuit ;
je reste déconcerté
devant ce jour qui s'enfuit.
Oh oui, je le sais, je n'ai plus dix ans,
mais mon coeur encore est un coeur d'enfant.
Le jour, je suis enchanté :
j'ai beaucoup d'activités :
l'école, le sport, la télé,
je suis toujours entouré.
Mais à l'heure de dormir,
je vais seul me retrouver ;
je sens le trouble grandir,
et je traîne pour me coucher.
Oh oui, je le sais, je n'ai plus dix ans,
mais mon coeur encore est un coeur d'enfant.
Avant, maman me bordait,
et auprès de moi restait ;
je me sentais beaucoup mieux,
et sans crainte fermais les yeux.
Mais il y a d'autres que moi
qui ont besoin d'elle aussi,
et je comprends bien pourquoi
le soir c'est toujours ainsi.
Oh oui, je le sais, je n'ai plus dix ans,
mais mon coeur encore est un coeur d'enfant.
On doit souvent me forcer
pour que j'aille me coucher ;
je monte donc seul dormir
ou je me ferais punir.
Je laisse un spot éclairé,
et je mets une cassette ;
j'ai besoin d'un illustré,
mais ce n'est pas la recette.
Oh oui, je le sais, je n'ai plus dix ans,
mais mon coeur encore est un coeur d'enfant.
Toi qui comme moi étais,
et qui donc me comprenais,
m'as donné un compagnon :
pour moi un petit lion ;
en peluche il est sympa,
il est doux à embrasser,
et il me rassurera :
le soir il va m'apaiser.
Oh oui, je le sais, je n'ai plus dix ans,
mais mon coeur encore est un coeur d'enfant.
J'arrive à mieux m'endormir,
parce qu'il veut bien me tenir
entre ses pattes serré,
je ne me sens plus délaissé.
Près de moi il va veiller,
même tandis que je dors,
sans jamais s'impatienter,
jusqu'au nouveau jour encore.
Oh oui, je le sais, je n'ai plus dix ans,
mais mon coeur encore est un coeur d'enfant,
d'enfant...